La double peine des malades stigmatisées
Sep.. 2017Prévention des addictions : quo vadis?
Santé psychique. La stigmatisation est une forme de discrimination sociale. Pour les personnes atteintes d’une maladie psychique et leurs proches, elle s’ajoute à la maladie. Les personnes dépendantes en sont particulièrement touchées et souvent, à plusieurs niveaux.
Une nouvelle étude menée par l’Université de Bâle vient de confirmer que la société continue à stigmatiser les malades psychiques.(1) Dans le canton de Bâle-Ville, 10 000 personnes ont estimé, sur la base de cas fictifs, la dangerosité de personnes atteintes de maladies psychiques (1). Celles présentant des symptômes d’alcoolodépendance étaient les moins bien perçues. Plusieurs études réalisées sur les stéréotypes, les préjugés et la discrimination, montrent que le comportement des professionnels n’est pas forcément meilleur que celui du reste de la population.
Stigmatisation extérieure et auto-stigmatisation
La stigmatisation par l’opinion publique marque souvent le début de l’exclusion sociale. Les personnes faisant état de problèmes psychiques interrogées dans le cadre de l’Enquête suisse sur la santé affirment ainsi avoir peu de soutien social et connaître un fort sentiment de solitude.
Au-delà de la stigmatisation extérieure se profile la menace de l’auto-stigmatisation : les personnes concernées s’approprient les préjugés de la société et se dévalorisent elles-mêmes, sapant ainsi des ressources importantes comme l’estime de soi et le sentiment d’efficacité personnelle.
Il en résulte une exclusion sociale liée non seulement à la maladie mais aussi aux stigmates, un sentiment de honte et de désespoir, autant de risques significatifs de suicidalité.
Informer et éliminer les préjugés
Pour combattre le cercle vicieux de la stigmatisation, il faut informer la population de manière ciblée. Le rapport du dialogue « Santé psychique en Suisse » demande une campagne nationale de sensibilisation et d’information sur les maladies et la santé psychiques afin de lutter contre la stigmatisation extérieure et intérieure. Grâce au relèvement du supplément de prime, destiné à la prévention des maladies en général, la fondation Promotion Santé Suisse a pu s’en charger et élabore actuellement les bases de la campagne.
Le Plan d’action pour la prévention du suicide (Office fédéral de la santé publique, Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé et fondation Promotion Santé Suisse) établit que les risques de suicidalité, tels que les troubles psychiques, font l’objet d’une stigmatisation sociale, ce qui décourage certains malades et leur entourage d’accepter de l’aide à un stade précoce. La campagne de prévention du suicide « Parler peut sauver », intégrée au plan d’action, veut contribuer à lever le tabou et mise, pour ce faire, sur les témoignages de personnes concernées.
Une intervention anti-stigmatisation ne doit pas se limiter à une sensibilisation de la population. Il faut aussi s’adresser aux professionnels – des milieux médicaux ou non.Tant le plan d’action pour la prévention du suicide que la Stratégie nationale Addictions (2017–2024) contiennent des mesures dans ce sens.
(1) cf. étude de l’Université de Bâle, Open Access à l’adresse www.nature.com/articles/srep45716